La fiction que MARIVAUX a conçue est donc un artifice purement théâtral. Ce qu’il ne pouvait prévoir, c’est que la technique moderne au service de la logique économique qui est la nôtre (marchandisation de l’Eros, opacité de la sphère publique et transparence de la sphère privée) conduirait notre civilisation à ce changement anthropologique des "reality-shows".
Aujourd’hui, des cobayes humains consentent à se faire filmer dans les situations les plus scabreuses sous l’œil avide de millions de téléspectateurs. Distraire et surveiller sont désormais les deux faces du même phénomène de contrôle des masses.
C’est pourquoi notre dispositif scénique donne à voir la cage de scène comme s’il s’agissait d’un "Loft" ou d’une "Ile de la tentation". Là, nos quatre enfants évoluent à la fois sous l’œil des commanditaires de l’expérience et sous celui de caméras. Celles-ci relayent les images des personnages sur écrans de télévision, avec des plans qui changent en fonction de leurs émotions et selon les désirs des maîtres. Certains détails sont donc grossis, d’autres occultés, sous l’œil du spectateur.
Manipulation des enfants et manipulation des images se conjuguent. Que feront nos quatre enfants quand, à l’issue de l’expérience, les maîtres leur abandonneront leur dispositif de surveillance ? Ils le détruiront dans un énorme fracas de verre.
dimanche 9 décembre 2007, par Webmaster
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