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D’après les "Petits poèmes en prose" de Baudelaire

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N’y allons pas par quatre chemins : le Spleen de Paris est un brise-glace comme il y en a peu dans la littérature française. C’était une raison suffisante pour la faire entendre. Mais le théâtre est le théâtre : il a ses exigences.

Les Petits poèmes en prose (autre nom de l’œuvre) les remplissent : narrateurs, personnages, destinataires, situations, tout est là pour une possible mise en jeu dans un espace sans cesse changeant.

AU FOND, QU’EST-CE QU’ETRE MODERNE ?

 De Baudelaire, nos souvenirs scolaires nous rappellent "L’albatros", "L’invitation au voyage", ou "Spleen". En somme, exclusivement des poèmes des Fleurs du Mal. Les PPP, eux, demeurent méconnus. Ce n’est pas un hasard : c’est dans ce recueil que Baudelaire plus moderne, c’est-à-dire à la fois le plus proche et le plus loin de nous.

 "Moderne" ! Encore cet adjectif, qu’on accommode à toutes les sauces ! Moderne, Baudelaire ? Moderne, le contempteur de son temps, le dandy amateur de nuages, le pourfendeur de "la marée montante de la démocratie, qui envahit tout et qui nivelle tout" ? Oui, justement : moderne en cela.

 Nous n’avons pas oublié que Baudelaire était l’inventeur du substantif "modernité" :

 "La modernité, c’est le transitoire, le fugitif, le contingent, la moitié de l’art, dont l’autre moitié est l’éternel et l’immuable." ("Le peintre de la vie moderne", 1863)

 Et si nos contemporains, obsédés par la nouveauté, avaient oublié l’autre moitié ? Si la modernité actuelle de Baudelaire était de nous rappeler cet inactuel intempestif qui résiste à la mode médiatico-publicitaire, toujours horriblement souriante, et dont l’un des signes, précisément, ne sourit qu’étrangement : la mélancolie.

MODERNITE DES "PETITS POEMES EN PROSE"

Le Spleen de Paris, titre adopté par Baudelaire, est une série de tableaux, de scènes, d’anecdotes d’où le poète tire une méditation à la manière d’apologues. Vitriers, enfants, femmes, saltimbanques : une amère poésie sourd des rencontres faites au hasard des flâneries dans les rues, sans mythologie, sans nobles références, préfigurant celle, plus incandescente mais parfois trop magique, que les surréalistes chercheront à leur tour dans la capitale. Baudelaire, lui, ne cède pas au charme de la pacotille, ne se paye pas de mots : aucune enseigne ne peut durablement l’enivrer, aucune formule lui faire perdre pied.

samedi 21 novembre 2009, par Martine Schwebel

 

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