Cie Corps Conducteurs

Mise en scène

Partis pris de jeu et Scénographie

Partis pris de jeu

 Paradoxe : Baudelaire le dandy, Baudelaire le mélancolique n’a pas cessé d’affirmer sa fraternité avec les saltimbanques. Les textes intitulés « Une Mort héroïque » et « Le Vieux saltimbanque », pour ne retenir que ceux-là, sont on ne peut plus explicites à ce sujet.

 D’abord reclus dans sa chambre, Baudelaire n’apparaît pour nous qu’en ombre chinoise. Il en sortira, lanterne à la main, pour venir nous raconter ses "choses vues". Cette chambre deviendra théâtre mental où, tantôt il incarne lui-même les figures dont il parle, tantôt les convoque dans son théâtre d’ombres.
 Ensor n’est pas loin, ni Kafka qui faisait rire son auditoire en lui lisant les pages du Procès ou de La Métamorphose.

 Nous tendons une corde qui va jusqu’à ce Baudelaire contemporain qu’est Tom Waits, et vous serez surpris d’y rencontrer aussi des accents nietzschéens : écoutez « Assommons les pauvres » et « Le mauvais vitrier » !

 La déréliction n’exclut pas le sarcasme. Avez-vous vu ses yeux ?
 La compassion n’interdit pas la colère. Regardez bien ses yeux.

 

Scénographie

 Lors du montage, l’idée s’est imposée que la succession des textes organisait un parcours : celui d’un poète qui, sortant dans le monde, se recroquevillait dans l’espace de sa chambre pour finalement souhaiter vivre « n’importe où, pourvu que ce soit hors de ce monde ». C’est donc depuis sa chambre que le poète nous raconte son histoire.
 Comme Baudelaire l’écrit dans « Le voyage »,

 Nous voulons voyager sans vapeur et sans voile !
 Faites, pour égayer l’ennui de nos prisons,
 Passer sur nos esprits, tendus comme des toiles,
 Vos souvenirs avec leurs cadres d’horizons.

 C’est le principe du théâtre d’ombres et de la lanterne magique, que nous utilisons avec un vidéo-projecteur.

 Ce principe est celui adopté par Jean-Baptiste Manessier, qui a proposé un dispositif qui donne à voir le dedans de la chambre et le dehors du monde : un tulle blanc qui fait paroi et écran de projection, un grand rideau rouge de théâtre hissé par le personnage. Le récit achevé, tout est arraché : le monde est saccagé mais demeure visible la machinerie du théâtre, comme un hommage au rêve, au jeu, à la fiction qui font œuvre.

samedi 21 novembre 2009, par Martine Schwebel

 

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